A nos âmes déchirées, à nos regards éloignés, à nos mots perdus.
Elle s'avançais dans l'orange du couché du soleil, dans le noir de la nuit invisible, les pieds baignant l'eau. Et ses cheveux blonds qui dansaient dans le vent, sa bouche qui s'ouvrait à rythme régulier, c'est mots qu'elle voulait crier au monde entier. Cette démarche de princesse, modèle parfaite, ce sourire égaré qui la faisait rayonner quand il aparaîssait, rare. Cette peau de pêche légèrement dorée qui lui donnait une impression de scintillement. Ses étincelles à elle. Et puis son grand beau d'yeux bleus d'la mer. J'avais jamais rien de pareil, trop beau pour être réel. Et pourtant, elle l'était bien, elle, matérielle. Dessinée comme si Dieu s'était servis de sa plus belle plume en or, et son bic d'argent maculé de paillettes aveuglantes, qu'il s'était tellement appliqué sur sa configuration que le lendemain son énergie avait pris son envol. Et moi, je n'la regardais même pas. Comme si apercevoir la moindre parcelle de son visage trop parfait ressemblais à une intoxication visuelle. Elle est d'une trop grande beauté pour que n'importe quel humain ose poser le regard sur elle.
Et je n'savais pas ce que je faisais avec elle, entrain de la déchirer dans tout les sens, cette étoile brillante de plusieurs milliers d'étincelles. A la tringballer de pleurs en pleurs, déceptions en malheur. Elle pleurait trop, je crois, à cause de moi. Quantité importante de moments ratés, perdus, envolés grâce à mon génie masculin.
A tes pleurs consécutifs, à mes erreurs multipliées, à toutes les fois où je t'ai trompée...
Elle s'est assise sur le sable blanc, fin et délicat, son visage se mariait au paysage, et commença à dessiner de petits dessins dans la matière étendue tout autour de nous. Moi, j'ne bougeais toujours pas. J'ai attrapé ma guitare dans les mains, et aie commencé à jouer. Jouer tant que je le peux, aussi fort que la mer sera déchainée, aussi fort que le tonnerre grondera, aussi fort que le vent soufflera dans les nuits de tempêtes invivables.
Jouer à s'écorcher la peau des doigts baignés dans le sang. Toutes ces notes qui sortent en rafale, toutes ces notes qui crie la haine et le désespoir. Un vent si puissant à qui nul ne saurait résister.
Et toujours ce silence des morts. Je n'parle pas, essayant qu'un mot s'échappe en premier de sa bouche rosée, mais j'ai beau espérer rien ne vient, jamais.
*
Et il était toujours là, assis sur ce rocher gris et morne, sa guitare fétiche à la main, jouant de ces notes qui tuent le temps, qui frappe à grand coup dans le bruit de la nature. Ses sons à lui, ils n'sont pas identiques aux autres, c'est une autre mélodie. Comme si Dieu lui avait tendu une corde sur laquelle il devait équilibrer ses accords pour n'pas tanguer trop fort et tomber dans l'vide d'en dessous...
J'ai levé les yeux vers lui, vers cet imbécile qui est toute ma vie. Cet ange remonté des enfers dans la plus grande des distinctions. Ce prince déchiré entre son monde et la réalité, en fait, lui, c'est moi version masculine. En fait, lui, c'est la musique angélique qui manque à mes mots pour ressortir. Les notes qui manque à ma gorge pour se desserrer. J'ai plongé mes yeux dans les siens, je voulais qu'il me regarde, qu'il remarque mon existence. Qu'il me dise qu'il m'aime, et qu'il arrête ses conneries. J'en avait envie, mais je savais pertinemment que cet espoir est vain. Alors j'ai redescendu mon regard sur les coquillages posés à mes pieds, jolies couleurs. Et j'ai cessé de penser à lui.